Flash Info #34 – Retour d’expérience des Lieutenants PIAT et GEFFARD pour leur mission en Guadeloupe

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Témoignage du Lieutenant GEFFARD

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous proposer pour cette mission ?

 

Comme chaque année, je suis volontaire pour participer aux missions de renforts feux de forêt. C’est dans cette même démarche que j’ai proposé ma candidature pour cette mission. Bien-sûr, ce type de choix se fait en famille et avec l’accord de notre employeur lorsqu’on est pompier volontaire. Sans eux, nous ne serions pas capables de participer à ce type de mission. Et pour cela, je les remercie.

 

Comment s’est passé votre arrivée en Guadeloupe ? (Accueil, organisation, hébergement, etc)

 

La population nous a bien accueilli. De nombreuses personnes nous ont remercié d’être venu les aider. Par contre, nos collègues de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP) n’ont pas eu le même accueil. Ils se sont vu interdire l’entrée dans les centres de secours par nos collègues de la Guadeloupe. Pour comprendre la démarche de nos collègues, il faut savoir que les sapeurs-pompiers (professionnels et volontaires) de la Guadeloupe sont engagés dans un conflit social contre leur direction et que pour eux les personnels de la BSPP venaient prendre leur départ pour casser le conflit social.

 

Concernant l’hébergement, le groupe a été scindé en deux. Le premier a été logé dans un hôtel à Pointe à Pitre et le second, dans lequel nous étions, a été installé dans un CROUS de Basse Terre. Nous avons pris des douches froides durant la totalité de la mission car le système de chauffe montre quelques signes de faiblesse. Mais le climat s’y prête très bien.

 

Sinon côté nourriture, les débuts ont été un peu difficile car notre groupe n’avait pas été pris en compte pour la restauration. Il a donc fallu que nous allions faire des courses pour nous restaurer par nos propres moyens. Le SDIS 971 nous a fourni quelques rations. Au bout de deux jours, nous avons été pris en main par la brigade de gendarmerie de Saint CLAUDE qui nous permis de nous restaurer midi et soir durant le reste de la mission.

 

Quelles ont été vos missions ?

 

Nous avons été engagés à la MASC, au sein de la Préfecture de la Guadeloupe. Nous participions au point de site du COD qui se tient le lundi, mercredi et vendredi. De plus, j’étais en charge de l’analyse des besoins en oxygène au sein des structures de l’île en lien avec l’ARS. Il faut comprendre que la Guadeloupe n’a pas de production d’oxygène. Il est importé normalement des îles Trinité et Tobago pour la Guadeloupe et la Martinique. La production n’étant pas suffisante par rapport au surplus demandé, l’Etat Major Interministériel de Zone des Antilles a affrété un navire pour acheminer de l’oxygène liquide de la Guyane. De plus, la Guadeloupe est actuellement en saison cyclonique, il fallait également prévoir un stock de réserve au cas où les livraisons rencontreraient des difficultés.

 

En outre, suite aux difficultés rencontrées de communication entre l’ARS et la Préfecture, nous avons très vite demandé à être officier de liaison au sein de l’ARS afin de faciliter la remontée d’information comme cela est pratiqué au sein du SDIS 79.

 

J’ai pu réaliser un tableau de projection de la consommation de l’oxygène à dix jours en intégrant l’évolution du nombre de malade.

 

Quel est l’événement le plus marquant pour vous ?

 

N’ayant pas de contact avec les soignants. Même si nous avions quelques échos, nous ne savions pas à quel point la situation était tendue dans les structures.

 

Lors d’un point de site, la directrice de l’ARS a indiqué que pour essayer de sauver des mamans enceintes qui étaient en réanimation, ils réalisaient des césariennes.

 

Je savais que les médecins devaient faire des choix entre les malades à soigner et ceux qui ne le seraient pas mais de là à faire ce type de choix. Je n’en étais pas conscient.

 

Renouvelleriez-vous l’expérience si celle-ci se présentait à nouveau ?

 

Tout à fait, si un jour j’ai la possibilité, je me proposerai à nouveau pour participer à ce type de mission.

 

J’ai eu la chance de participer à une mission qui a été enrichissante pour moi et de faire plusieurs renforts nationaux, feux de forêt et catastrophes naturelles, mais toujours dans l’hexagone. Cette fois la mission était différente, il a fallu travailler avec des personnes qui ne sont pas sapeurs-pompiers et qui ont une culture et des pratiques différentes.

Témoignage du Lieutenant PIAT

Qu’est ce qui vous a poussé à vous proposer pour cette mission ?

 

Déjà volontaire pour les missions estivales de feux de forêt et en connaissance de la situation sanitaire aux Antilles, mon engagement solidaire et constant, permis par mon employeur ROUVREAU, était évident. Nous ne savions pas quelles missions nous allions mener mais cette inconnue donne encore plus de sens à la candidature.

 

Comment s’est passée votre arrivée en Guadeloupe ?

 

Affecté à la MASC, nous n’avons reçu nos missions que le vendredi à l’issue du COD. En effet, la venue du Ministre de l’outre mer à freiner notre rapide intégration à la Préfecture. Cependant, rattaché à un commandant de la BSPP, nous avons pu échanger sur divers points et organiser nos activités par anticipation au regard de l’état de la situation sanitaire.

 

Côté accueil, le contexte social était tendu avec les SP locaux, du fait de revendications antérieures et notre venue qui était plutôt vécue comme un frein à une réponse à leurs besoins essentiellement matériels.  Nous avons donc eu en début de mission très peu d’échange avec le SDIS 971. Nous avons été accueilli par le Préfet et le Ministre. Cette mission s’est décidée en urgence (au même titre que la situation sanitaire) et peu de choses étaient « calées ». Ainsi nous nous sommes adaptés. Nous avons eu quelques contacts initiaux avec la population et au final démystifié quelques à priori.

 

Nous étions hébergés dans un CROUS en Chambre étudiante avec peu de chose. 1 frigo, pas de logistique alimentaire et pas de véhicule, une chambre de 9 m2 avec les prévisions d’une tempête tropicale. Nous nous sommes une fois plus adaptés : Aller faire ses courses, solliciter des VL et VTP via les services de la Préfecture afin d’organiser les mouvements envisagés.  Nous avons disposer des 3 rations pour tenir le coup. Et nous avons enfin reçu nos missions tout en voyant les acteurs de la BSPP engagés progressivement sur le terrain.

 

Nous avions dans le même temps découvert une culture et une approche plus terrienne que prévue. Le minimum suffit à vivre et c’est une excellente leçon de morale.

 

Quelles ont été vos missions ?

 

Nos missions au premier COD ont été :

  • Assurer une méthodologie de remontée des informations entre l’ARS et le corps préfectoral afin d’anticiper les besoin en O2 en ville (concentrateurs) et dans les établissements de santé. Ces 2 missions essentielles nous ont été affectées respectivement à moi-même et au lieutenant GEFFARD.
  • La seconde consistait à établir un état des lieux sur l’établissement des stock stratégique d’EPI (hospitalier) et la pérennité de ceux-ci dans la durée. Nous avons été également missionnés tous les deux sur cette missions.
  • La troisième restée à la charge de notre homologue de la BSPP était de développer et d’optimiser le besoin des centre de vaccination.

 

Tout cela sous le Commandement du COMMANDANT BSPP Florent

 

Quel est l’événement le plus marquant pour vous ?

 

L’annonce du questionnement de M. Le préfet qui interpelle le responsable de l’ARS sur les femmes enceinte COVID +. Réponse 3 avortements et 3 décès.

 

Renouvelleriez vous l’expérience ?

 

Nous avons eu les remerciements des autorités locales, de notre commandement et de nos paires de la BSPP. C’est une aventure pleine d’émotion, de fraternité avec les gens qui ont composé le détachement, complété par un honneur d’avoir représenté notre institution. C’est une aventure humaine, forte d’enseignement et qui pousse au relativisme. Fier de cela, si on me demande de repartir demain, j’ai tous les consentements : OUI je renouvelle demain !