Sonia LUSSIEZ, Maire de Prahecq et femme de pompier – L’interview

21 / 07 / 2021

Présentez-vous en quelques mots ?

 

Originaire du Maine et Loire, cela fait maintenant 25 ans que j’habite à Prahecq avec mon mari, originaire lui de Valenciennes. J’ai 46 ans, je suis mariée et maman de deux garçons de 19 et 13 ans.

Engagée dans le monde associatif puis élue au sein du conseil municipal en 2014, je suis toujours à la découverte de mon territoire d’adoption.

Depuis le 23 mai 2020, je suis Maire de cette commune de 2200 habitants, pour laquelle j’aime travailler quotidiennement pour son évolution et pour les administrés.

 

Un engagement naturel transmis par mes parents, bénévoles d’associations pendant de très nombreuses années puis conseillers municipaux et adjoints dans des mandats précédents, dans le sud de la France et en Maine et Loire.

 

Pouvez-vous nous expliquer votre relationnel particulier au monde des pompiers ?

 

Lors de notre arrivée à Prahecq en 1998, mon mari, militaire en reconversion, cherchait à s’engager dans le monde civil. Il se tourne alors vers le centre de secours de la commune, dont le Chef de Centre était à l’époque Max Durand. Il devient SPV en décembre 2000. Cet engagement a facilité notre intégration dans la commune.

 

Ce fut la première porte d’entrée de notre famille dans le monde des pompiers. Cet engagement s’est concrétisé par l’investissement familial, l’acceptation des contraintes. C’est un soutien indispensable dans l’assistance aux citoyens. Il faut trouver un équilibre, être un duo, accepter l’absence, le bip au milieu du repas, même avec les convives ; mais au fond, on sait que c’est un départ pour la bonne cause et je suis fière d’être une femme de pompier.

 

L’engagement d’un membre de la famille en tant que sapeur-pompier, c’est tout de même un choix de vie. Les départs en pleine nuit par exemple, on ne se rendort jamais complètement, on veille à son retour et on ne peut s’empêcher de se faire du souci.

 

La caserne de Prahecq c’est un peu notre famille d’adoption. Notre relation se base sur l’entraide et les forts liens d’amitié qu’on y a tissés.

 

La passion de mon mari est devenue contagieuse dans la famille. Tout d’abord mon frère, devenu sapeur-pompier sur Brioux, puis les deux enfants de mon mari, SPV dans l’Aisne et notre fils aîné, volontaire également à Prahecq dont le premier galon a été remis par mon mari, un moment d’émotion partagé.

 

Quelle est votre vision du sapeur-pompier d’aujourd’hui ?

 

Je suis admirative de ce qu’apprennent nos sapeurs-pompiers aujourd’hui avec leur retour sur les « bancs de l’école » pour les formations. On leur demande, à juste titre, beaucoup de connaissances théoriques et techniques, avec la nécessité d’être infaillible.

 

Ils sont la plupart du temps les premiers à arriver sur les lieux d’interventions ce qui rajoute, suivant la situation, une pression supplémentaire à l’adrénaline du départ.

 

Mon fils étant passé par la « case » JSP, j’ai pu suivre le parcours de ces jeunes. Une vraie motivation est nécessaire pour suivre ces 4 années. Il s’agit d’une formation quasi-militaire, les plus déterminés arriveront jusqu’au brevet.

 

Je souligne également la discrétion, mot d’ordre chez le pompiers. C’est aussi une composante incontournable de la formation des sapeurs-pompiers de surcroît dans une commune où tout le monde se côtoie.

 

Avoir une caserne dans sa commune est une réelle opportunité, tout d’abord pour la proximité des secours mais également pour la proximité des rapports humains. Outre leurs connaissances techniques, les pompiers volontaires ont cette faculté à rassurer et à parler aux gens. Cela n’est pas quelque chose qui s’apprend, pour moi c’est inné.

 

Comment visualisez-vous la place du Maire vis-à-vis de vos sapeurs-pompiers ?

 

A Prahecq on ressent le respect naturel envers nos sapeurs-pompiers. Ils représentent l’engagement et le dévouement pour les administrés. Ils forcent l’admiration de tous. De plus, leur présence lors des commémorations par exemple est très attendue et appréciée par la population.

 

La mairie a un rôle à jouer en facilitant la vie de la caserne et son dynamisme. Par exemple, le conseil municipal a fait le choix d’adapter et de prendre en charge l’accueil des enfants de sapeurs-pompiers en garderie le soir mais aussi le matin, si le parent devait partir en intervention.

 

Par ailleurs, nous avons accompagné la démarche d’un jeune issu de la communauté d’Emmaüs Niort-Prahecq, (qui venait tout juste de souscrire à un engagement de sapeur-pompiers volontaire au centre de secours de Niort) à rejoindre en double affectation le centre de Prahecq. Nous l’avons mis en relation avec le Chef de Centre et une convention a pu être signée afin qu’il puisse prendre part à l’activité du CPI en journée principalement.

 

Nous envisageons aussi à l’avenir, une sensibilisation aux Gestes Qui Sauvent. Nous allons par exemple proposer des actions sur le marché hebdomadaire en partenariat avec la caserne.

 

Au sein du conseil municipal nous avons notamment un SPV issu de la caserne communale.

 

Quelle problématique relevez-vous aujourd’hui chez les sapeurs-pompiers ?

 

Etre sapeur-pompier aujourd’hui c’est donner bien entendu du temps aux autres ; mais ce temps représente aussi beaucoup de formations. Difficile pour tous les SPV de se libérer sur tant de créneaux pour se former, même en incluant les périodes de congés annuels. J’ai conscience qu’il est indispensable d’avoir une formation complète, continue et précise mais cela reste bien compliqué à mettre en œuvre pour tout le monde.

 

La problématique actuelle est la disponibilité et notamment en journée, pour les interventions et tenir les effectifs.
Il faut continuer d’échanger avec les chefs d’entreprise, les responsables des collectivités, les patrons de petites ou moyennes entreprises,,,, afin de faciliter cette disponibilité, tout en ayant bien conscience des contraintes organisationnelles que cela pourrait représenter pour eux.

 

Enfin, j’insiste sur toute la nécessité de maintenir le dialogue et l’accompagnement des pompiers volontaires, quelle que soit la dimension du centre. Il faut que chacun se sente considéré de la même manière.

 

Un dernier mot ?

 

Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de parler des pompiers volontaires, environnement que je côtoie depuis de très nombreuses années maintenant.

 

Je suis très fière d’avoir une belle caserne à Prahecq, dont les locaux, pour rappel, appartiennent au Syndicat de Communes Plaine de Courance.

 

C’est un centre de secours qui compte 17 pompiers volontaires dont 4 femmes ! Une belle évolution sur la dernière décennie.

 

Il est pour moi indispensable de conserver les centres de secours de toutes les communes car la proximité et l’impact humain sont primordiaux.

 

Une caserne dans une commune c’est un dynamisme supplémentaire, une vraie plus-value pour la population.

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